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Nikita Kadan, « Imagine Ukraine »

Imagine Ukraine est un projet ambitieux qui aspire à tendre la main au-delà des urgences immédiates, si pressantes soient-elles, et ouvrir la réflexion plus étendue et la perspective à plus long terme que l’avenir requiert. Il est impératif que l’Europe se concentre davantage sur l’Ukraine, sur son caractère concret et sur sa complexité, ses possibilités et ses lignes de vol. Il faut que notre compréhension commune et réciproque aille crescendo.

Initié par le PinchukArtCentre et le M HKA, le projet Imagine Ukraine s’est élaboré avec la participation immédiate de Bozar et du Parlement européen. Il se déroule en partenariat avec le Parlement européen et a pu être réalisé grâce au soutien de la Communauté flamande.

Le lancement du projet s’effectue à travers trois expositions, organisées par Bart De Baere et Björn Geldhof à partir d’œuvres d’artistes ukrainiens appartenant à la collection de la Communauté flamande. Ces expositions se tiendront au M HKA, à Bozar et au Parlement européen. Il s’agit là des points de départ pour l’instauration d’un espace de réflexion sur le passé, le présent et l’avenir de l’Ukraine en tant que partie intégrante de l’Europe. L’exposition au Parlement européen a pour perspective celle de l’artiste en tant que témoin, celle à Bozar, la tension entre les grands récits et la réalité des vies humaines, et celle au M HKA, l’art en tant qu’esprit critique.

Avec la peinture « The Beautiful Coloniser », Kadan soulève des interrogations sur la possibilité, dans l’histoire de l’Ukraine, de considérer la période soviétique comme colonialiste, et sur la pertinence de regarder l’ère post-soviétique de l’Ukraine à travers un prisme post-colonial. Il réfléchit non seulement à sa propre lutte avec la culture, l’ascendance et le patriotisme, mais surtout à la manière dont la réinterprétation post-révolutionnaire du passé soviétique et la manipulation de l’historiographie affectent la mémoire collective de l’Ukraine. Il veut exposer l’héritage de l’Union soviétique et examiner son impact sur les développements récents en Ukraine.

Kadan cite souvent des livres sur la vie sociale ukrainienne, sur la propagande politique passée et présente et sur l’histoire de l’art. Le beau colonisateur est basé sur la photo d’une statue du Bénin du 17e siècle trouvée dans un livre soviétique sur l’art africain. Comme on pouvait s’y attendre, le livre était écrit dans une perspective anticoloniale. Le colonisateur représenté est une figure emblématique aux cheveux longs et à la barbe. Kadan le transforme en communiste en peignant une étoile communiste sur le casque. Le casque rappelle certains casques de l’Armée rouge et ressemble en même temps au dôme d’une église orthodoxe. Ces contradictions sont caractéristiques de l’œuvre de Kadan, qui oscille entre passé et présent, art officiel de l’État et avant-garde, nationalisme et internationalisme.