Née en 1909, mariée deux fois à Hans Hartung avec qui elle vivra une relation passionnée jusqu’à la fin de leurs vies, Anna-Eva Bergman bénéficie depuis quelques années d’un regain d’intérêt critique important. Si elle fut reconnue de son vivant, son œuvre est longtemps resté marginal aux yeux de la critique et des historiens. Outre le fait d’être femme artiste et femme d’artiste à une époque où l’histoire de l’art s’écrivait surtout au masculin, c’est surtout la singularité de son travail et de son parcours artistique qui ont en partie occulté son importance au regard d’une histoire de l’art essentiellement progressiste après guerre.
Plus
Comme l’écrit Annie Claustres, « l’œuvre singulière d’Anna-Eva Bergman (…) ne s’inscrit pas dans l’histoire linéaire des avant-gardes. L’usage de matériaux, tels que la feuille d’or et/ou d’argent conjugué à celui de la peinture, et un attachement au symbolique à même de révéler une conception métaphysique du paysage, la place en décalage par rapport aux enjeux esthétiques majeurs du XXème siècle ». L’oeuvre ultime de Bergman se caractérise par une peinture particulièrement synthétique et minimaliste plus aux limites de l’abstraction et de la représentation.
C’est sans doute la raison pour laquelle son œuvre trouve un tel écho sur la scène contemporaine de l’art où elle est souvent confrontée aux œuvres d’artistes vivants. Se situant là où « l’abstraction rencontre la nature » comme le souligne l’historien de l’art Ole Henrik Moe, son œuvre frappe en effet par sa contemporanéité autant que par son universalité.
L’oeuvre d’Anna Eva Bergman a donné lieu a deux grandes expositions à Turin, en 1969 pour une rétrospective au Museo Civico et en 1975 au Centro Annunciata. Une importante exposition lui a été consacrée par le Musée d’art contemporain d’Oslo en novembre 2015 et, plus récemment, Le Museo Reina Sofia de Madrid lui a dédié une importante exposition monographique en 2021 et le Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris lui consacre une grande exposition rétrospective en 2023. Présente dans de nombreux musées à travers le monde, son oeuvre a rejoint plusieurs collections d’art contemporain importantes récemment telles que la Fondation Vuitton (Paris), la Fondation Samdani (Bangladesh), le Carré d’art (Nîmes), l’Albright Knox Art Gallery (Etats-Unis), etc.
Oeuvres
In-Situ
« C’est du Finnmark et de la Norvège du Nord dont je rêve. La lumière me met en extase. Elle se présente par couches, et donne une impression d’espaces différents qui sont en même temps très près et très lointains. On a l’impression d’une couche d’air entre chaque rayon de lumière, et ce sont ces couches d’air qui créent la perspective. C’est mystique. »